Je suis né tôt le matin,
un matin misérable, à Gumri.
Ma soeur jumelle est morte quelques heures après,
quand le soleil d’août déjà bien avancé dans
l’horizon, regardait avec indifférence ma famille
égarée
qui riait tantôt et tantôt pleurait à chaudes
larmes. À présent, chez nous, personne ne se
souvient d’elle, de cette soeur qu’on n’a vue que
quelques heures, un matin misérable de l’après-
guerre…
… Moi seul, je n’arrive pas à l’oublier et
parfois tôt le matin je me réveille avec un mal
au coeur : étendu dans l’obscurité, les yeux
mouillés,
je commence à me souvenir, jour après jour
des neuf mois que nous avons passés
ensemble dans la meilleure période de notre
vie.
traduit de l’arménien par nounée abrahamian