« Essaie de ne jamais mourir » : dans son lit de mort
me sermonnait mon père d’un air suppliant.
Et en voyant ses yeux devenus
brumeux à cause de la douleur-
j’ai réalisé avec tristesse comme
il est difficile de mourir dans les lumières vives du jour
quand on voit par la fenêtre le balcon d’en face
et la femme qui étend son linge bien lavé, puis
quand sonne le téléphone et que la voix inconnue
d’un jeune homme
t’explique qu’il ne pourra pas te rendre quelque chose
qu’il t’avait emprunté depuis longtemps, parce que…
Puis à l’étage d’en haut la porte s’ouvre
avec un claquement et les cris d’enfants,
joyeux et bruyants emplissent le corridor,
se répandent à droite et à gauche et finissent par couvrir
le monde entier. Et pour cela, le bleu du ciel
devient plus vif encore
et l’amertume se densifie dans les yeux du mourant…
« Essaie de ne jamais mourir, voilà ce que j’ai à te dire »,
me supplia mon père pour la dernière fois
et il ferma ses yeux pour toujours.